Allez les Filles !° - Épisode IV - Chapitre 2 : The Circle A - Rock à la Buse - Vendredi 10 Mars 2023 - Bisik, Saint Benoît

L'année 2012 qui s'ouvrait alors semblait vouloir enfin nous apporter un semblant de répit. Nous émergions progressivement de ces quatre années tumultueuses qui avaient vu la naissance de notre fille, notre installation à La Réunion, la prise en main de nos nouvelles fonctions et la mise en place de toute notre nouvelle vie.

Quatre années, c'était également le temps qui s'était écoulé depuis le dernier concert organisé à l'Excalibur à Reims. L'envie de se frotter à nouveau au milieu du rock'n'roll commençait à se faire ressentir. Nous avions alors jeté notre dévolu sur Mark Sultan, alias BBQ, sans doute le meilleur One-Man-Band de l'Internationale du garage-punk de cette époque, également compagnon de route de King Khan dans le terrifique duo des années 2000, the King Khan & BBQ Show. Le canadien avait accepté avec plaisir notre proposition de venir jouer cinq dates sur l'île et je m'étais alors mis en quête de groupes locaux pour assurer ses premières parties.

Un ami de fraîche date, grand fan de rock indie, Hervé Blocky, m'avait rencardé avec Hervé de Golgot VR*. Lui même m'avait orienté vers Romain Poncelet, le futur boss du label Sayor Records (Mothra Slapping Orchestra*, Pamela & the Andersons*), alors plus ou moins manager du groupe the Circle A. J'avais fini par rencontrer tout ce petit monde lors d'un concert plus que convivial dans les Hauts de Saint Gilles.

The Circle A, c'était un groupe jouant du punk très 'British', tendance seconde vague - entre anarco-punk énervé à la Rudimentary Peni, punk UK82 à la Vice Squad et punk-hardcore dans la lignée de GBH. Le groupe était emmené par une chanteuse anglaise au look affirmé, et leur prestation, très théâtralisée, m'avait agréablement surpris. Le rendez-vous avait donc été fixé avec eux quelques semaines plus tard pour assurer la première partie de Mark Sultan aux Pot'irons de Saint Denis. Une soirée mémorable.

Dix années plus tard, fin 2022. J'apprenais que The Circle A, dont on avait perdu la trace aux alentours de 2017, annonçait sa re-formation pour fêter ses dix ans, avec à la clé une série de concerts sur toute l'île. Maudit Tangue Records, le label rock péi, avait bien sûr sauté sur l'occasion pour les programmer sur son édition 2023 du Rock à la Buse. Sur la scène du Bisik de Saint Benoît, plus précisément.

Le quatuor fonctionnait désormais en quintet, et si les cheveux commençaient à grisonner et les bedaines à s'arrondir, la recette musicale restait quasiment inchangée. Plaisir, donc, de ré-écouter en concert les morceaux de l'album des Circle A, Greedy Bastards (2014, Maudit Tangue & Acratos Records). Plaisir, également, de se replonger dans ces quelques souvenirs de la décennie précédente. Plaisir, enfin, de discuter avec la chanteuse du groupe, lors d'un entretien effectué récemment en visio.

Place maintenant à notre Beki Bondage réunionnaise : Penny Wildsmith !

Salut Penny ! Tu peux te présenter ? Tu viens d'où ? C'est quoi, ton adolescence anglaise? 

Oh ! Tu sais... J'ai vécu dans une petite ville du Nord de l'Angleterre, au milieu de nowhere, de rien... Ça s'appelait Mansfield, c'était au nord de Nottingham. Une petite ville moche, avec plein de mines. Pendant les années Thatcher, y’a eu beaucoup de manifestations, avec les grèves des mineurs. Mon père, lui, était au chômage, on habitait dans des maisons collées les unes aux autres et c'était assez dur financièrement. Étonnement, il était plutôt pro-Thatcher, alors que pour nous, c'était naturel d'être contre elle, et contre tout le système, car oui, c'était vraiment dur, on voyait beaucoup d'injustices...

C'est dans ces années-là que tu tombes dans la marmite du punk ?

Yes. J'avais 15 ans en 1984. Et j'ai découvert le punk et le 2-Tone avec le Club Social pour les jeunes local, une sorte de MJC à l'anglaise, qui proposait vraiment plein, plein de concerts. Même dans une petite ville comme Mansfield. Y'avait aussi ma sœur - elle avait deux ans de plus que moi - elle était dans la mouvance skinhead. Tous ces trucs de punk et de skinheads, c'était plutôt très naturel au début chez les jeunes, car c'était  très lié au contexte social.

Tu me parles des skinheads... As-tu assisté à l'évolution de ce mouvement vers le suprémacisme et le White Power  ?

Oh, c'est clair que ça a dérivé très rapidement vers l'extrême-droite, les fachos, et tout ça. À Mansfield, c'était vraiment pas les gentils skinheads qui écoutaient the Clash. Ils s'embrouillaient régulièrement avec les punks. Bon, ma sœur était là-dedans à cause de son boyfriend, mais elle était gentille quand même, du moins avec moi, hi hi.

Tu as des anecdotes à raconter sur ces années-là ?

Oui. À 15 ans, on avait mis une petite annonce dans une publication musicale, du genre le NME, avec une photo de nous 'dressées' en punkette et skinhead girl. On voulait faire le 'penpal', la correspondance quoi, avec d'autres punks. On a eu énormément de réponses, hi, hi. Par contre, avec ça, on s'est fait beaucoup de bonnes amies partout en Angleterre, tu vois. Et un peu plus tard, vers 17 ans, ça nous a permis de voyager beaucoup dans les autres villes du pays, on partait en stop, on dormait chez nos copines punks et on voyait plein de petits groupes partout en Angleterre, dans des petits bars. C'était ça qu'on adorait faire.

On arrive tranquillement aux années 90. Qu'est ce que tu deviens à ce moment-là ?

Dans les années 90, j'ai bougé à Londres. Faire des études à l'école des Beaux-Arts. Que je n'ai finalement pas terminées, parce que j'ai rencontré tous ces gens qui vivaient dans les squats, des punks, des hippies, c'était très mélangé. Les soirées, les nuits blanches, le mélange de concerts et de sound-systems, le reggae, l'électro aussi, beaucoup.

Les squats londoniens que tu évoques... Avait-il une ressemblance avec les squats orientés très anarco-punk qui se mettaient en place en France à la même période (Maloka, l'Étincelle, etc...)?

Non, pas vraiment. Bon, les gens avaient quand même une conscience politique minimale, ils allaient parfois faire les manifs et tout ça, mais ce n'étaient pas vraiment des activistes, ils étaient surtout là pour la fête. Avec ma bande, on aimait vraiment la fête. On a ensuite vécu en Europe à partir de 1993. En Allemagne et en Italie surtout. Des festivals, des petits concerts de groupes de punk, des free-party, des raves... On alternait entre la vie dans les squats et celle sur la route, dans nos camions. C'était notre vie. On vivait de pas grand chose. On  faisait des petits boulots en lien avec nos activités musicales (DJing, costumes, spectacles, sculptures, ets...)

Les années 2000. Que devient notre 'British Penny' ? La Réunion, ça vient quand ?

Je suis rentrée en Angleterre en 2002 pour apprendre le tatouage. J'ai suivi une formation dans le nord de l'Angleterre, dans une ville pas très jolie, assez 'dark'. Là, j'ai rencontré Pierrot. Peu après, il a eu un boulot à la Réunion, j'y suis venue en vacances, on y est resté. C'était en 2005. J'avais besoin de lever le pied, de calmer le jeu. On a eu notre fils, Félix, trois ans plus tard.

Tu as traîné un peu dans le milieu du rock réunionnais en arrivant ?

Non, ça a été très calme pendant quelque temps. Avec le bébé, je me suis déconnectée. Avant d'ouvrir sa boutique de tatouage (Rock'n'Run Tattoo), Pierrot a géré une boîte de nuit à Saint Pierre, ça m'est arrivé d'y faire quelques sessions dj avec une amie, Élodie, qui a quitté l'île depuis. C'était nos premiers Girls' Attack. J'avais le baby-phone à portée de main, hi hi.

Quand rencontres-tu les futurs membres de Circle A ?

J'ai travaillé chez Marko Tattoo, à Saint Paul, à partir de 2010... On a aussi commencé à ressortir, surtout à l'Îlot à Saint Louis. Là, c'était les premières rencontres avec le milieu du rock local. Marko et JL se fréquentaient à la boutique de tatouage, ils avaient composé des morceaux, ils m'ont proposé le chant, peut-être parce que j'étais anglaise. Moi, je n'avais jamais chanté avant. J'ai commencé sur le tard. On a fait nos premières répètes dans le couloir de JL, lui à la batterie, Marko à la guitare. On a rencontré une bassiste, Ungrain, mais on ne jouait pas assez vite pour elle, hi hi. Puis Loulou est venu, un peu plus tard.

Vous faisiez des reprises ? J'ai vu sur internet que vous repreniez le England Belongs To Me de Cock Sparrer (francisé en Reunion Belongs To Me).

Ce morceau, on l'avait fait pour les quarante ans de Pierrot, à l'Îlot. C'était un ancien skinhead. Ce morceau, c'était pour lui, juste à cette soirée. Nos premières reprises, c'était plutôt Shitlist de L7, et un morceau des Burning Heads, je ne me souviens plus du nom.

Quel était le passif dans le punk rock de Marko, JL et Loulou en métropole/Réunion avant Circle A ?

Marko était de Nantes. Il est arrivé à la Réunion vers 17 ans, il s'est acheté une guitare très jeune, à la mort de son père. Autodidacte à la guitare, ça l'a beaucoup aidé pour le deuil. JL, je ne sais pas trop, mais Loulou, lui, était vraiment impliqué dans les scènes du punk de métropole, dans des petits groupes qui jouaient dans les bars. Je pense qu'il a connu Romain, Charlou et Solweig à cette époque-là.

Premier concert ?

Je pense que c'était avec l'asso Piment-Merde-Pot. Leur premier festival, je pense. Sur une aire de pique-nique sur la route de Cilaos. C'était rigolo.

2014, vous sortez votre premier album, Greedy Bastards. Tu peux m'en parler ?

On a enregistré ça au Kabardock, avec Romain Poncelet. Loulou avait déjà fait des enregistrements avec ses groupes d'avant, mais alors les autres, nous trois, on n'y connaissait vraiment rien. Mouais, on va dire que c'était une expérience, quoi, hi hi. Moi, je trouvais l'album un peu mou, le son était écrasé, tu vois, par rapport au son beaucoup plus énervé qu'on avait sur scène. Il était sorti sur Maudit Tangue Records, mais je dois avouer que je n'ai pas trop suivi toute l'histoire.

C'est toi qui écrivait les paroles ?

Ouais, et JL aussi.

Les titres étaient explicites et traitaient d'environnement (Plastic Crap, Fukushima), de pillage de la Terre (Earth Parasites, Pillage Légal, Greedy Bastards), de malbouffe (Sugar, Salt, Fat)... Le nom, on ne peut plus clair, Circle A. La pochette d'album rouge et noire, etc... Le groupe semble assumer clairement son positionnement écolo-anarchiste. Cela allait-il de soi pour tous les membres ?

Je regarde beaucoup tout ce qui se passe dans le monde. Je me sens concerné par l'environnement. D'où les paroles. Par contre, le côté anar, ce nom de groupe, tout ça, ça existait déjà avant mon arrivée. Pas forcément mon truc, mais les gars ont voulu garder ça. Alors bien sûr, j'essaie de faire gaffe à ma façon de vivre, ma façon de consommer. Mais on peut difficilement vivre en dehors du consumérisme ou de la société. Mes années en Allemagne et en Italie où je criais 'Fuck Off Society' sont bien loin maintenant, hi hi. Faut pas se leurrer, on se fait rattraper par la société.

On oppose souvent l'orientation militante, revendicative et généralement constructive des divers mouvements du punk et de l’anarco-punk, au nihilisme originel du punk (le fameux No Futur), au je-m’en-foutisme du garage-punk (le I Don’t Care des Ramones) ou encore au réalisme poétique du post-punk. Est-ce que, d'après toi, toutes ces entités sont irréconciliables et sans porosité ?

Elle n'est pas évidente, ta question... D'un côté, il y a toutes ces choses détestables qu'on a envie de dénoncer et de changer, c'est vrai. Mais de l'autre, il y a tellement de dysfonctionnements que ça peut paraître souvent très futile de dire 'je suis contre ci, ça c'est mauvais'. C'est décourageant en fait et on a juste envie de tout envoyer balader. I don't care, quoi ! Prends la position d'une mère à la maison avec ton bébé, qu'est qu'elle peut faire ? Ce n'est pas de l'hypocrisie, c'est juste qu'on se sent souvent hors du temps, tu vois ce que je veux dire ? L'autre jour, j'essayais d'écrire, mais c'était tellement négatif. Je n'arrivais pas à trouver du positif dans notre société. C'était un peu déprimant. Le positif, on ne peut aller le chercher que dans son univers proche. Regarde-nous, on est quand même plutôt bien ici, sur cette île, il y fait bon vivre, et ça, c'est positif, non ? Mais je ne me vois pas pour autant chanter les oiseaux, les papillons et le beauté qui m'entoure...

Vous aviez aussi des morceaux plus ‘légers’ (the Eight Ball, John Peel…). Pour les non-érudits, tu peux nous en dire plus sur John Peel ?

Ah, bah, John Peel, c'était toute ma jeunesse ! Tous les soirs de semaine, à la radio nationale, à 19h précises, il passait toutes les nouveautés de la musique punk. Il nous a fait découvrir beaucoup de groupes. Un passionné qui a beaucoup contribué à ma culture musicale.

 Ouais. Nous, on avait le Top 50... Quel décalage, ha ha ! Vers la même époque, tu lances avec ton compagnon Pierrot et quelques amis la 1ère Convention du Tatouage à la Réunion (Octobre 2011). Tu peux nous parler de ce projet, de sa réussite, des suites ?

Ça, c'était plutôt un projet de Pierrot, Marko et Céline. Ils parlaient des conventions de tatouage en métropole, ils se sont dit, pourquoi ne pas en faire une nous aussi, ici, à la Réunion. Moi, mon niveau de français était très mauvais, ce qui me maintenait à l'écart de beaucoup de choses à cette époque, mais j'ai quand même donné un coup de main. Les deux premières conventions se sont tenues aux Récréateurs. C'était rigolo. Les tatoueurs locaux, mais aussi de métropole et de Thaïlande, étaient installés dans la grande salle le jour, et le soir, on bougeait tout et on transformait le lieu en salle de concerts. Il y a eu deux autres conventions ensuite à la Cité des Arts.

Vous arrêtez l’aventure Circle A après votre tournée en métropole en 2017 ? Tu peux m’en dire plus sur la fin du groupe ? En raison des divers projets musicaux des uns et des autres ?

Oui, complètement. Les gars avaient lancé Pluto Crevé*, ils étaient très motivés par ce groupe, un truc hardcore de boys. Et puis de toute façon, on avait un peu fait le tour de Circle A.

2022 signe le retour du groupe. L’envie de remonter sur les planches ? Le format a changé, une seconde guitare est arrivée, vous êtes désormais 5, un jeu de chaises musicales s’est également opéré. Le son semble légèrement plus métal.

C'est Nico de Tukatukas et Mothra qui nous a dit ça : 'j'aimerais essayer les morceaux de Circle A à la batterie'. Marko a appuyé sa demande. Voilà, c'est parti de là. On s'est retrouvé pour jouer. JL est passé à la seconde guitare, ça apportait plus de son. C'était juste pour revivre un bon moment ensemble. On essaie de faire des nouveaux morceaux, mais pour le moment, c'est un peu 'slow', ça n'avance pas trop.

OK. Sinon, tu écoutes encore du punk rock ? Tu as eu des coups de cœur récemment ?

À la boutique de tatouages, on écoute de la musique en continu. Par contre, le punk et le rock, pas tant que ça. Quand on fait des soirées, là oui. Les trucs qui m'ont bien plu dernièrement : Amyl & the Snifers - la chanteuse a l'air démente en 'live' - Stiff Richards aussi. J'ai bien aimé Viagra Boys et Sleaford Mods, leur 'punk attitude'...

Question à deux balles, vue le titre racoleur de la série. Le féminisme ? Tu te situes où là-dedans ?

Oh. Je ne me suis jamais sentie abusée par les mecs dans ma vie. Une question de positionnement par rapport à eux, peut-être. Je pense que je suis une femme assez forte et indépendante. J'essaie d'être en accord avec moi-même en tout cas. De là à dire que je suis féministe... Je peux bien sûr comprendre les discours féministes quand on voit les injustices faites aux femmes à travers le monde. Après, je pense qu'on est très bien loties en France. Beaucoup plus qu'en Angleterre ou aux USA par exemple. Sur l'égalité salariale. Et la garde des enfants à l'école, surtout, un droit pour tout le monde... Cela permet aux femmes de bosser comme elles l'entendent, d'être indépendantes financièrement et d'obtenir de bonnes positions dans la société. En Angleterre, les femmes ne peuvent accepter que des petits boulots pourris sur les plages horaires de l'école, car c'est horriblement cher de faire garder ses enfants.

Dirais-tu qu'on observe désormais une féminisation beaucoup plus importante du milieu du rock'n'roll et du punk ?

Je ne sais pas trop. Par contre, je l'observe vraiment dans le monde du tatouage. Sur la première convention de la Réunion, il n'y a avait que deux tatoueuses. Sur la dernière, elles étaient plus de 30%.

 Je traînais récemment dans divers bars de Paris. J'ai observé un fait relativement nouveau. Partout, on voyait ces affichettes placardées informant des attitudes à adopter en cas de harcèlement ou de propos sexismes ou homophobes. Prévention ? Occurrence des cas ? J'ai rarement vu ça à la Réunion.

C'est cool, c'est une bonne chose. La conséquence du phénomène #Meetoo, la parole féminine qui s'est libérée. Pour la Réunion, c'est un peu plus long à se mettre en place, j'imagine. Culturellement parlant, le rapport à la violence aux femmes est un peu différent ici. Mais ça aussi, ça change  avec les jeunes.

Ton français est impeccable ! J'ai vu que tu viens d'obtenir ton Diplôme National du Brevet. Tu viens aussi d'acquérir la nationalité française. Ça demande un sacré boulot, quand on voit que tu ne parlais pas un mot de français il y a 15 ans.

Oui. Ma vie est ici maintenant. J'obtenais mes permis de travailler assez facilement, mais avec le Brexit, j'ai préféré franchir le pas. Je suis française maintenant.

Quelque chose à ajouter ?

Merci pour l'interview, 'darling' ! C'était cool ! Hi hi hi !

 Olive The Jerk du blog Shut Up & Play The Music

Notes :

° Allez Les Filles, Les Thugs, Strike, 1996

* Voir précédemment dans Shut Up & Play the Music (blog & fanzine)