TOUJOURS UN TEMPO D'AVANCE

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Salut vieux festoche ! Paraît que cette 21ème édition a eu chaud aux balloches ? En tout cas, sache que Bongou est ravi d'apprendre que ta pseudo hibernation de pitayours mal léché est terminée. Pour vous allécher justement, Manzi s'est déjà enfilé deux spectacles du Tempo en avant-première, ce qui est à peu près aussi hype à Saint Leu que de déguster une infusion au bissap en matant des slackliners à braies sans choper des poux.

Comme chaque année, inutile de faire mes recommandations pour simplets car les spectacles payants sont presque tous complets. C'est le cas de Starsky Minute que j'ai eu le privilège de voir gratuitement au festival Détak Baro en ma qualité de Manzi-les-bons-tuyaux. Alors faut-il se réjouir ou se flageller d'avoir acheté sa place ?

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Je ne vais pas vous divulgâcher l'intrigue – même si c'est le sport national en cette période de fin de saison de GOT – qui est assez basique: un coursier censé être le Speedy Gonzales de la livraison – désolé je viens de vous expliquer le titre du spectacle – digresse à foison au lieu de remettre ses cartons. La première partie consiste en un soliloque de ce livreur lunatique que j'ai trouvé aussi rébarbatif et poussif que le second acte fût drôle et régressif. J'avoue être archi exigeant en terme de performance d'acteur quand il s'agit de monologue barré et je n'ai pas été emporté par les errements confus de sa pensée. Le jeu est assez léché, les échappées absurdes sont plutôt bien écrites, le langage du corps vraiment maîtrisé mais je n'étais pas venu voir du théâtre. Heureusement, le spectacle démarre quand le livreur s'occupe de nous et, en l'occurrence, de Monsieur Guillaume, un spectateur du premier rang à qui il doit remettre un fameux colis. S'ensuit un ensemble de péripéties franchement très drôles où tout y passe : acrobaties, nudité, chutes, chips postillonnées, accessoires divers et osés qui feront se poiler toutes les tranches d'âge grâce à différents niveaux de lisibilité que je ne vais pas vous spoiler. Au final, j'ai bien ri même si ce spectacle pourrait être encore plus abouti si toutes les élucubrations de la première partie prenaient un peu vie sous forme d'outils (re)découverts dans l'ouverture des nombreux colis. Il y a un vrai plaisir enfantin à observer cet énergumène aller là où son hystérie le mène et déballer ses colis à en perdre haleine.

© Cees Wouda

© Cees Wouda

C'est la deuxième fois que je vois les Frères Troubouch qui sont aussi frères que moi je suis chroniqueur culturel. C'est le spectacle gratuit idéal car transgénérationnel et convivial. Ces deux bourrus dégagent une force et une sensibilité très communicative. Ça casse de la chaise pour allumer un barbecue, ça tombe et ça danse fort à même le bitume sans crainte de l'hématome, ça compose en live une bande-son à base de loops bruitistes et chantés, bref vous allez en prendre plein les mirettes surtout lors des numéros sur monocycle et bicyclette.

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Concernant les concerts, je suis allé voir mardi soir Le$ Frère$ Pari$h (en concert jeudi 16 mai à 22H30 au Village du Tempo) qui sont vraiment frères pour le coup et c'était le feel good chahut par excellence. Entre Stupeflip, Java et les Beastie Boys, ces trois MC's ne se prennent pas au sérieux et leur flow hip hop est habilement intégré à un cabaret musical foutraque. C'est volontairement cheapos côté costume; la production est soignée avec des beats qui font bouger et des instrus plus datées ; l'interprétation est aussi barrée qu'incarnée et sans Auto-Tune s'il vous plaît. Si ces frangins ne sont pas riches, leur univers fourmille d'idées et il suffit de jeter un œil à leur merchandising de qualité pour comprendre que les gars ont énormément bossé. Je n'irai pas jusqu'à écouter leur album chez moi mais, sur scène, on comprend que les cocos ont de la bouteille et il n'est pas étonnant de les retrouver en première partie des Soviet Soprem après leur tournée réunionnaise.

© Franck Chapelain

© Franck Chapelain

Dans leur sillage, samedi soir à 23h30 pour clôturer Leu Tempo, je vous recommande Ségadélik, la formation locale qui revendique le premier bal la poussière hip-hop réunionnais. Comme Le$ Frère$ Pari$h, toute la production est soignée et le foutan s'immisce à tous les instants. On vient les voir autant pour danser que pour les saynètes déjantées. Les trois dalons ont moins de kilomètres de tournée au compteur mais ce sont de gros bosseurs et cette date va faire trembler vos savates. Rayon merchandising, on a encore affaire à du lourd vu que Ségadélik se décline en une marque de tee-shirts que vous avez sûrement vu portés par une jet-set éclairée qu'il ne tient qu'à vous  d' intégrer.

Manzi