QUAND DAVID WALTERS RÉVEILLE MAMI WATA

Sept mois que je n’avais plus mis les pieds au K et le cocktail émotionnel est toujours aussi riche en saisissement et en arrosement. Après l’excellent mais si lointain spectacle d’équilibrisme Miettes (18 février) qui n’avait pu se terminer à cause d’une incroyable saucée, ce fut le tour de David Walters (18 septembre) de devoir stopper son concert embrasé à cause d’une averse carabinée.

Il y a des soirées qui font partie de la légende d’un lieu et le concert de David Walters entre forcément dans ce panthéon des mythiques prestations. Ceux qui ont participé au concert de BCUC en 2018 acquiesceront. Si les ingrédients musicaux ne sont pas forcément identiques, la tension dramatique a été clairement amplifiée par l’imprévu climatique. Les atrabilaires déçus de la moitié vide de leur verre pourront pester contre l’interruption de ce concert alors que cette fin précipitée constitue, selon moi, l’acmé de cette transe chaloupée.

Tout le mérite en revient à David Wa(l)ters dans le rôle du pugnace ambianceur malgré l’adversité hydratée et grâce à une audience aussi disciplinée qu’acharnée. Quel beau bizutage pour le nouveau directeur du Séchoir (institution qui porte tellement bien son nom) improvisé pompier pour la soirée !

« Attention, si vous n’êtes pas chaussés, vous risquez d’être conducteurs ». Ah c’est sûr que faut les chercher les souliers fermés dans cette assemblée détrempée de néo-va-nu-pieds.

Je ne vais pas tenter de vous prouver que ce concert était le meilleur de l’année mais c’est exactement le show qu’il nous fallait à ce moment donné. Si vous cherchez des circonlocutions vantant cette électro-soul caribéenne, y’a des gens qui ont déjà fait ça très bien ICI ou . Pour être honnête, je craignais un peu de voir ce savant mutli-instrumentiste engoncé dans ces loops ou autres effets à gérer mais David Walters sait se détacher de son attirail technologique pour proposer des arrangements sacrément mélodiques et une prestance aussi sympathique que charismatique. Accompagné par un excellent batteur, les sessions de batucadas rivalisaient clairement avec celles de la Fèt Dann Somin, précieux rassemblement saint-leusien d’un festif Tan Lontan…

Merci à Lékip Séchoir, aux musiciens et aux techos d’avoir été à la hauteur de ces retrouvailles dont l’enjeu majeur était de communier en plein air, autour d’un verre, assis mais réunis. Les sorties culturelles ne sont pas toujours aussi belles alors sachons les apprécier quand elles se présentent enfin dans nos quartiers. Si Bongou a parfois des coups de mou, il est persuadé de l’importance de se rassembler pour réfléchir ou faire les fous. Promis, de notre côté, on continuera à vous mettre la pression pour que vous sortiez la tête de votre trou.

Manzi

P.S. J’ai écrit ce papier en savourant Nocturne, le réjouissant nouvel album acoustique de David Walters que je vous recommande d’écouter. Du reste, des sources bien informées me confirment qu’il viendra le défendre sous nos latitudes très prochainement.