On avait laissé Ann O’aro en trio avec le trombone de Teddy Doris et les percussions de Bino Waro, avec qui la jeune poétesse faisait valser ses fantômes. Elle nous revient en quartet avec un projet aussi puissant que tendre, aussi lumineux qu’ombragé, aussi doux que furieux : Lagon Nwar.

Autour de son chant viscéral et de son verbe qui claque, en créole ou en français, Lagon Nwar réunit trois musiciens (dont deux sont issus du flamboyant collectif orléanais Tricollectif). Valentin Ceccaldi, que l’on connait surtout comme violoncelliste (la veille avec Leïla Martial), assoit ici une basse électrique sèche et imperturbable. Quentin Biardeau, lui, passe des claviers brumeux et liquides à un saxophone tantôt hurlant tantôt murmurant. Enfin, le quartet est réglé par le tempo fluide du batteur-percussionniste-chanteur burkinabé Marcel Balboné, un batteur sans baguettes, à doigts, à fleur de peau, dont la voix, en bissa ou en mooré, alterne avec celle de la chanteuse.